Tribune Libre
Ténors de l'Informatique Libre
Copyright © 1999 par Éditions O'Reilly
Chapitre 11. La définition de l'open source
Bruce Perens
- Introduction
- L'histoire
- KDE, Qt, et Troll Tech
- Analyse de la définition de l'open source
- Analyse des licences et de concordance avec la définition de l'open source
- Les licences de logiciels libres en général
- Choisir une licence
- L'avenir
L'utilisateur-type d'ordinateurs possède des
quantités de logiciels acquis dans le
passé mais qu'il n'utilise plus. Il a
peut-être acheté un ordinateur plus
performant ou changé de constructeur, ce qui lui
interdit d'employer ses programmes. Ils sont
peut-être devenus obsolètes, ou ne
répondent plus à ses besoins. Il a
peut-être acheté plusieurs ordinateurs et
ne souhaite pas débourser quoi que ce soit pour
obtenir un deuxième exemplaire du même
logiciel. Quelle qu'en soit la raison, le logiciel lui
a coûté de l'argent voici quelques
années et ne remplit plus son rôle. Cette
situation est-elle inévitable ?
Que penseriez-vous d'une situation dans laquelle vous
auriez le droit d'obtenir une mise à jour
dès que cela s'avère nécessaire ?
Que penser d'une situation dans laquelle, en passant
l'architecture Mac à l'architecture compatible
IBM PC, on pourrait changer gratuitement les versions
des logiciels ? Et si, quand par malheur le logiciel ne
fonctionne pas ou ne remplit pas tous vos besoins, vous
pouviez le faire améliorer ou le réparer
vous-même ? Peut-on imaginer qu'un logiciel soit
encore maintenu et disponible après la faillite
de son éditeur ? Que l'on puisse les utiliser
sur la station de travail installée au bureau,
sur l'ordinateur personnel du domicile, et sur son
portable, plutôt que d'être limité
à une seule machine ? Si tel était le
cas, vous continueriez sans doute à utiliser les
logiciels achetés voici des années. Ce
sont là quelques-uns des droits que l'open
source vous garantit.
L'open source est une déclaration des droits de
l'utilisateur d'ordinateur. Elle définit
certains droits que la licence d'un logiciel doit lui
garantir afin d'être qualifiée d'open
source. Ceux qui ne proposent pas des programmes open
source estiment que les autres leur opposent une
concurrence de plus en plus rude, car ils n'ont pas
compris que les utilisateurs prennent enfin conscience
de leurs droits, et donc les revendiquent. Des
programmes comme ceux qui constituent le système
d'exploitation GNU/Linux et le navigateur web de
Netscape ont acquis une grande popularité en
prenant la place de logiciels protégés
par des licences plus restrictives. Les
sociétés qui utilisent du logiciel open
source profitent des avantages liés à un
modèle de développement très
réactif, souvent mis en place par plusieurs
sociétés qui coopèrent, et dont
une grande partie du travail est fournie par des
indépendants qui ont tout simplement besoin
d'une amélioration qui réponde mieux
à leurs besoins.
Les volontaires qui ont créé des produits
comme Linux n'existent, et les sociétés
ne peuvent coopérer, que grâce aux droits
fournis par l'open source. Le programmeur moyen se
sentirait lésé s'il investissait
énormément de travail dans un programme,
pour constater que le propriétaire de ce dernier
se contente de vendre la version
améliorée sans rien lui proposer en
retour. Mais ces mêmes programmeurs n'ont pas
peur d'apporter des contributions à l'open
source, car ils savent que les droits suivants leur
sont alors garantis :
-
le droit de faire des copies du programme, et de
les distribuer,
-
le droit d'accéder au code source du
logiciel, un préliminaire nécessaire
pour pouvoir y apporter des modifications,
-
le droit d'améliorer le programme.
Ces droits comptent pour celui qui contribue à
améliorer des logiciels car ils maintiennent
tous les développeurs au même niveau.
Quiconque le souhaite a le droit de vendre un programme
open source, aussi les prix seront-ils bas et le
développement destiné à
conquérir de nouveaux marchés sera-t-il
rapide. Quiconque investit de son temps à
construire des connaissances sous la forme d'un
programme open source peut fournir de l'aide sur ce
dernier, et cela fournit aux utilisateurs la
possibilité de mettre en place leur propre
assistance technique, ou de choisir parmi des
assistances techniques en concurrence les unes avec les
autres. Tout programmeur peut spécialiser un
programme open source pour le rendre utilisable dans
des marchés spécifiques afin d'atteindre
de nouveaux consommateurs. Ceux qui se lancent dans de
telles entreprises ne sont pas tenus d'acquitter des
royalties ni la moindre licence.
La raison de la réussite de cette
stratégie qui semble s'inspirer du communisme,
alors que le communisme est lui-même un
échec patent dans le monde entier, vient du fait
que l'économie de l'information est
fondamentalement différente de l'économie
qui règle la consommation des autres produits.
On peut copier une information telle qu'un programme
d'ordinateur pour un prix dérisoire.
L'électricité qu'il en coûte ne
dépasse par l'eurocent, pas plus que
l'utilisation de l'équipement nécessaire
à cet acte. En comparaison, on ne peut pas
recopier une miche de pain sans dépenser une
livre de farine.
Le concept de logiciel libre est ancien. Quand les
ordinateurs sont entrés dans les
universités, c'était en tant qu'outils de
recherche. Les logiciels étaient librement
passés de laboratoire en laboratoire, et les
programmeurs étaient payés pour le fait de
programmer, et non pour les programmes en
eux-mêmes. Ce n'est que plus tard, quand les
ordinateurs sont entrés dans le monde des
affaires, que les programmeurs ont commencé
à subvenir à leurs besoins en limitant les
droits associés à leurs logiciels et en en
taxant chaque copie. Richard Stallman répand les
concepts politiques liés au Logiciel Libre depuis
1984, année où il créa la Free
Software Foundation et son projet GNU. La prémisse
de M. Stallman est que tout le monde devrait jouir de
plus de liberté, et savoir l'apprécier. Il
a dressé la liste des droits dont tout utilisateur
doit selon lui jouir, et les a codifiés au sein de
la licence publique générale de GNU, ou
GPL. M. Stallman a intitulé, non sans malice,
cette licence « gauche d'auteur » (copyleft),
car au lieu d'interdire, elle donne le droit de copier.
M. Stallman a lui-même développé de
féconds travaux en matière de logiciels
libres, tels que le compilateur de langage C du projet
GNU, et GNU Emacs, un éditeur disposant d'attraits
tels que certains en parlent comme d'une religion. Ses
travaux ont inspiré de nombreux autres
développeurs à proposer du logiciel libre
selon les conditions de la GPL. Même si elle n'est
pas promue avec la même ferveur libertaire, la
définition de l'open source reprend de nombreuses
idées de M. Stallman, et on peut la
considérer comme un texte dérivé de
ses propres travaux.
La définition de l'open source a vu le jour en
tant que document présentant les grandes lignes du
logiciel libre au sens de la distribution Debian de
Gnu/Linux. Debian, un système Linux de la
première heure, toujours populaire de nos jours,
était entièrement constitué de
logiciels libres. Cependant, comme la « gauche
d'auteur » n'était pas la seule licence qui
prétendît couvrir du logiciel
« libre », Debian avait des
difficultés à tracer la limite entre ce qui
est libre et ce qui ne l'est pas, et n'avait jamais
clairement indiqué les règles qu'elle
appliquait pour déterminer si un logiciel
était libre ou non. Je dirigeais alors le projet
Debian, et j'ai résolu ce problème en
proposant le Contrat social de Debian et les Lignes de
conduite en matière de logiciel libre de Debian en
juillet 1997. De nombreux développeurs Debian ont
proposé des critiques et des améliorations,
que j'incorporais peu à peu dans les documents. Le
Contrat social documentait l'intention de la distribution
Debian de ne composer leur système que de
logiciels libres, et les Lignes de conduite en
matière de logiciel libre permettaient de classer
facilement le logiciel en deux catégories,
« libre » ou non, en comparant la licence du
logiciel aux lignes de conduite.
La ligne de conduite de Debian reçut les louanges
de la communauté du logiciel libre, et en
particulier des développeurs de Linux, qui
menaient alors leur propre révolution du logiciel
libre en développant le premier système
d'exploitation libre utilisable. Quand la
société Netscape a décidé de
faire de son navigateur pour le web un logiciel libre,
elle a contacté Eric Raymond, véritable
Margaret Meade [1] du logiciel libre qui a
écrit plusieurs articles anthropologiques
expliquant ce phénomène et
détaillant la culture qui a peu à peu
germé autour de lui, premiers travaux sur le sujet
qui ont fait la lumière sur ce
phénomène auparavant peu connu. La
direction de la société Netscape fut
impressionnée par l'essai de M. Raymond
intitulé « La cathédrale et le
bazar », chronique de la réussite du
développement de logiciels libres, qui n'utilise
que des contributeurs volontaires non
rémunérés, et l'a engagé en
tant que conseiller, sous un accord de non divulgation,
pendant qu'elle développait une licence pour son
propre logiciel libre. M. Raymond leur a clairement
indiqué qu'il fallait que cette licence suive les
lignes de conduite de Debian pour être prise au
sérieux en tant que licence de logiciel libre.
J'ai rencontré M. Raymond de façon fortuite
à la conférence des Hackers, réunion
peu conventionnelle de programmeurs créatifs,
réservée aux invités. Nous avions
traité de divers sujets par courrier
électronique. Il m'a contacté en
février 1997 en me présentant l'idée
de l'open source. Il regrettait alors que les hommes
d'affaires, conservateurs, soient effrayés par le
mouvement de liberté initié par
M. Stallman, qui rencontrait par contraste un écho
très favorable auprès des programmeurs les
plus libertaires. Il pensait que cela étouffait le
développement de Linux dans le monde des affaires
tout en encourageant sa croissance dans le milieu de la
recherche. Il a rencontré les hommes d'affaires de
l'industrie balbutiante qui se formait autour de Linux,
et ils ont conçu ensemble un programme pour faire
la campagne du concept de logiciel libre auprès de
ceux qui portent des cravates. Larry Augustin, de VA
Research, et Sam Ockman (qui a quitté VA un peu
plus tard pour créer la société
Penguin Computing) ont participé à
l'affaire, ainsi que d'autres personnes, que je n'ai pas
la chance de connaître.
Quelques mois avant de lancer le projet de l'open source,
j'avais conçu l'idée de
l'Open Hardware [2], concept
similaire, mais traitant des périphériques
matériels et de leurs interfaces plutôt que
de programmes et de logiciels. L'Open Hardware n'a pas
rencontré à ce jour le même
succès que l'open source, mais il suit son
bonhomme de chemin et vous trouverez toutes informations
le concernant à l'adresse http://www.openhardware.org/.
M. Raymond estimait que les Lignes de conduite du
logiciel libre selon Debian était le document
indiqué pour définir l'open source, mais
qu'il leur fallait un nom plus général et
en extirper toute référence
spécifique à la distribution Debian. J'ai
édité les Lignes de conduite pour mettre en
place la définition de l'open source. J'avais
formé une corporation pour Debian,
intitulée SPI (logiciel d'intérêt
public), et j'ai proposé d'enregistrer une marque
déposée pour l'open source de telle sorte
qu'on puisse réserver son utilisation aux
logiciels qui répondent à la
définition. M. Raymond étant d'accord avec
cette idée, j'enregistrai la marque de
certification, ce qui est une forme particulière
de marque déposée, à appliquer aux
produits des autres. Un mois après que j'aie
enregistré cette marque, il était devenu
clair que SPI n'était pas le lieu
d'hébergement idéal pour la marque open
source, et j'en ai transféré la
propriété à M. Raymond. Depuis, nous
avons créé l'open source Initiative,
organisation dont le seul but est de gérer la
campagne de l'open source et sa marque de certification.
Au moment de cet écrit, son conseil
d'administration compte six membres choisis parmi des
contributeurs renommés du monde du logiciel libre,
et cherche à atteindre la taille d'environ dix
membres.
Lors de son lancement, la campagne de l'open source a
suscité de nombreuses critiques, même au
sein des troupes dévouées à Linux,
qui avaient déjà accepté le concept
du logiciel libre. Nombreux sont ceux qui
signalèrent que le terme « open
source » était déjà
employé dans l'industrie de XXX . D'autres
pensaient que le mot « Open » était
déjà utilisé à toutes les
sauces. D'autres, simplement, préféraient
le terme Free Software, établi. J'ai
répondu que le galvaudage du terme
« Open » ne pourrait jamais causer autant de
tort que l'ambiguïté, dans la langue
anglaise, du terme « Free » — la
liberté ou la gratuité [3], la notion
de « gratuité » étant celle que
le monde commercial, en informatique, met le plus souvent
en avant. Richard Stallman a plus tard pris ombrage du
fait que la campagne ne mettait pas suffisamment l'accent
sur la liberté, et que le mouvement de l'open
source gagnant en popularité, son rôle dans
la genèse du logiciel libre, ainsi que celui de la
Free Software Foundation qu'il a créée,
étaient passés sous silence — il
s'est plaint d'être « effacé des
livres d'histoire ». La situation s'est
aggravée par la tendance qu'ont les industriels de
comparer MM. Raymond et Stallman comme s'ils
défendaient des philosophies contradictoires, sans
comprendre qu'en réalité ils ne font
qu'utiliser des méthodes différentes pour
promouvoir le même concept. J'ai probablement
contribué à jeter de l'huile sur le feu en
opposant MM. Stallman et Raymond dans des débats
tenus à l'occasion des manifestations Linux Expo
et open source Expo. Leurs confrontations étaient
si appréciées que le journal en ligne Salon
est allé jusqu'à publier un débat
qu'ils ont tenu par courrier électronique, sans
jamais avoir eu l'intention de le publier. Quand nous en
fûmes rendus là, j'ai demandé
à M. Raymond de calmer un jeu auquel il n'avait
jamais eu l'intention de participer.
Lors de l'écriture de la définition de
l'open source, nombreux déjà étaient
les programmes qui y satisfaisaient. Mais un
problème se posait dans le cas des programmes qui
n'y correspondaient pas, tout en plaisant aux
utilisateurs.
Il faut ici traiter du groupe de développement de
KDE et de la société Troll Tech car ils ont
tenté de placer un produit non conforme à
l'open source dans l'infrastructure de Linux, et se sont
heurtés à une résistance qu'ils
n'avaient pas su prévoir. Le tollé
général et la menace d'un remplacement de
leur produit par une solution open source ont finalement
convaincu la société Troll Tech d'adopter
une nouvelle licence pleinement conforme à l'open
source. C'est un exemple intéressant de
l'acceptation enthousiaste par la communauté de la
définition de l'open source, si forte qu'il
fallait que la société Troll Tech s'y plie
si elle souhaitait que son produit soit bien accueilli.
KDE représente la première tentative d'un
bureau graphique libre pour Linux. Les applications de
KDE étaient par elles-mêmes
protégées par la GPL, mais elles
dépendaient d'une bibliothèque graphique
propriétaire, appelée Qt, et
développée par la société
Troll Tech. Les conditions de la licence de Qt en
interdisaient la modification ou l'utilisation en
relation avec tout logiciel d'affichage graphique autre
que le vieillissant X Window System. Pour ces autres
utilisations, il fallait acheter une licence de
développeur qui s'élevait à
1 500 USD. La société Troll Tech
fournissait des versions de Qt pour les systèmes
MS-Windows et Macopen source, et c'était là
sa première source de revenus. La prétendue
« licence libre » pour les systèmes
fonctionnant sous « X » avait pour objectif
de susciter des contributions de la part des
développeurs de Linux en matière de
démonstrations, exemples, et autres accessoires,
qu'ils revendraient ensuite dans le cadre de leurs
produits pour MS-Windows et Macopen source, qui
n'étaient pas donnés.
Malgré la clarté des problèmes
posés par la licence de Qt, la perspective de
disposer d'un bureau graphique sous Linux était si
séduisante que de nombreux utilisateurs
étaient prêts à fermer les yeux sur
le fait que ce n'était pas vraiment une licence de
type open source. Les défenseurs de l'open source
remettaient KDE en question car ils estimaient que les
développeurs de KDE tentaient d'estomper la
définition du logiciel libre pour y inclure des
éléments qui ne le sont que partiellement,
comme Qt. Ce à quoi ces derniers
rétorquaient que leurs programmes étaient
open source, même s'il n'en existait aucune version
exécutable qui ne nécessitât pas de
bibliothèque non open source. D'autres et moi
pensions que les applications de KDE n'étaient que
des fragments open source de programmes non open source,
et qu'on ne pourrait pas qualifier KDE d'open source
avant de disposer d'une version open source de Qt.
Les développeurs de KDE ont tenté de
résoudre en partie le problème posé
par la licence de KDE en négociant un accord sur
une base Qt libre pour KDE avec Troll Tech, selon lequel
ces derniers et le groupe KDE contrôleraient
ensemble les publications de la version libre de Qt, et
Troll Tech publierait Qt selon les conditions d'une
licence conforme à l'open source si la
société devait être rachetée
ou faire banqueroute.
Un autre groupe de programmeurs démarra alors le
projet GNOME, un concurrent de KDE pleinement open
source, qui visait à être plus
sophistiqué et à proposer plus de
fonctionnalités, pendant qu'un troisième
groupe démarrait un projet intitulé Harmony
dans le but de produire un clone de Qt pleinement open
source, qui permettrait de faire fonctionner KDE. Alors
que le projet GNOME était applaudi de tous et que
le projet Harmony était sur le point d'aboutir, la
société Troll Tech a compris que Qt ne
rendrait aucun service au marché de Linux tant que
sa licence demeurerait en l'état. Troll Tech a
publié une licence pleinement open source pour Qt,
désamorçant ainsi le conflit, et laissant
retomber le projet Harmony comme un soufflé. Mais
le projet GNOME suit son cours, et cherche maintenant
à surclasser KDE en termes de
fonctionnalités et de sophistication, plutôt
qu'en matière de licence.
Avant de publier sa licence open source, la
société Troll Tech m'en a fourni une copie
pour que je l'examine, en me demandant de n'en rien
laisser filtrer jusqu'au moment où elle
l'annoncerait. Trop enthousiaste d'enterrer la hache de
guerre avec le groupe KDE et victime d'un aveuglement
passager que je me reprocherais par la suite, j'ai fait
une pré-annonce de leur future licence avec huit
heures d'avance sur une liste de diffusion
consacrée à KDE. Ce courrier fut presque
immédiatement repris, à mon grand regret,
par les principaux sites d'information en ligne, dont
Slashdot.
La nouvelle licence de Troll Tech a ceci de remarquable
qu'elle tire avantage d'un point faible de la
définition de l'open source qui accorde aux
fichiers de modifications (patches) un statut
particulier. Je souhaiterais le corriger dans une
prochaine version de la définition de l'open
source, mais ce nouveau texte excluerait alors de nouveau
la bibliothèque Qt.
Au moment où j'écris ces lignes, le nombre
de défenseurs de l'open source augmente
exponentiellement. Les récents apports des
sociétés IBM et Ericsson au mouvement de
l'open source ont fait la une. On compte deux
distributions de Linux, Yggdrasil et Debian, qui
diffusent des systèmes Linux conformes en tous
points à l'open source, sans pour autant se priver
d'une grande richesse de logiciels, tandis que plusieurs
autres distributeurs, comme Red Hat, n'en sont pas loin.
Quand le projet GNOME sera disponible [4], on
disposera enfin d'un système d'exploitation avec
bureau à interface utilisateur graphique, digne de
concurrencer MS-Windows NT et entièrement open
source.
Dans cette section, je présenterai le texte
complet de la définition de l'open source, en y
entrelaçant des commentaires (en hors-texte). Vous
en trouverez la version canonique à l'adresse
http://www.opensource.org
[5].
Des coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait remarquer
que la définition de l'open source renfermait
quelques ambiguïtés. J'ai reculé
l'instant d'une révision car ce texte date
d'à peine un an et j'aimerais qu'il soit
considéré comme un texte stable. Dans
l'avenir, j'y incorporerai des modifications mineures sur
la forme, qui n'auront que très peu d'incidence
sur le fond.
Version 1.0 de la définition d'open source
« open source » implique plus que la simple
diffusion du code source. La licence d'un programme
« open source » doit correspondre aux
critères suivants :
On remarque que la définition de l'open source
n'est pas une licence de logiciel en soi. C'est une
spécification de ce qu'on autorise aux
licences de logiciels pour qu'elles méritent
le nom d'open source. La définition de l'open
source n'a pas pour vocation d'être un document
juridique. Le fait qu'on la retrouve dans des
licences de logiciels, comme celle du Linux Documentation Project
(projet de documentation pour Linux), m'a fait
envisager d'en écrire une version plus
rigoureuse, qui serait appropriée pour une
telle utilisation.
Pour qu'un logiciel puisse être qualifié
d'open source, il faut que toutes les conditions
suivantes soient remplies, en même temps, et
dans tous les cas. Il faut par exemple qu'elles
s'appliquent aux versions dérivées d'un
programme aussi bien qu'au programme original. Il ne
suffit pas de n'en appliquer que quelques unes et pas
d'autres, et il ne suffit pas de ne les appliquer que
dans certaines périodes. Comme j'ai dû
ferrailler pour contrer des interprétations
particulièrement naïves de la
définition de l'open source, je serai
tenté d'ajouter : cela vous concerne !
-
Libre redistribution.
-
La licence ne doit pas interdire de vendre ou de
donner le logiciel en tant que composant d'une
distribution d'un ensemble contenant des programmes
de diverses origines. La licence ne doit pas
soumettre cette vente à l'acquittement de
droits, quels qu'ils soient.
Cela signifie qu'on peut faire autant de copies
du logiciel qu'on le souhaite, et les vendre ou
les donner, sans devoir donner d'argent à
qui que ce soit pour bénéficier de
ce privilège.
La formule « composant d'une distribution
d'un ensemble contenant des programmes de
diverses origines » avait pour but de
combler une lacune de la licence Artistic
(artistique), dont personnellement je trouve
qu'elle manque de rigueur, qui a
été mise au point pour Perl,
à l'origine. De nos jours, presque tous
les programmes qui en font usage sont aussi
proposés selon des conditions de la GPL.
C'est pourquoi cette clause n'est plus
nécessaire et disparaîtra
peut-être d'une prochaine version de la
définition de l'open source.
-
Code source
-
Le programme doit inclure le code source, et la
distribution sous forme de code source comme sous
forme compilée doit être
autorisée. Quand un produit n'est pas
distribué avec le code source correspondant,
il doit exister un moyen clairement indiqué
de télécharger ce code source, depuis
l'Internet, sans frais supplémentaires. Le
code source est la forme la plus adéquate
pour qu'un programmeur modifie le programme. Il
n'est pas autorisé de proposer un code
source rendu difficile à comprendre. Il
n'est pas autorisé de proposer des formes
intermédiaires, comme ce qu'engendre un
préprocesseur ou un traducteur automatique.
Le code source est un préliminaire
nécessaire à la correction ou la
modification d'un programme. L'intention est ici
de faire en sorte que le code source soit
distribué aux côtés de la
version initiale et de tous les travaux qui en
dériveront.
-
Travaux dérivés
-
La licence doit autoriser les modifications et les
travaux dérivés, et leur distribution
sous les mêmes conditions que celles
qu'autorise la licence du programme original.
Le logiciel est de peu d'utilité à
qui ne peut assurer son évolution
(correction des bogues, portage vers de nouveaux
systèmes, amélioration), et il est
nécessaire pour cela de le modifier.
L'intention est ici d'autoriser tous types de
modifications. Il faut autoriser qu'un travail
dérivé soit distribué sous
les mêmes conditions de licence que le
travail original. Cependant, on n'exige pas que
le producteur d'un travail dérivé
utilise les mêmes conditions de licence
mais on impose de leur laisser la
possibilité de le faire. Les
différentes licences traitent ce
problème de manières diverses : la
licence BSD vous autorise à privatiser vos
modifications, alors que la GPL vous l'interdit.
Certains auteurs de logiciels craignent que cette
clause n'autorise des gens peu scrupuleux
à modifier leur logiciel de sorte à
mettre dans l'embarras l'auteur original du
logiciel. Ils ont peur qu'un individu mal
intentionné ne fasse réagir le
logiciel de manière incorrecte en laissant
croire que l'auteur original était un
programmeur de piètre qualité.
D'autres craignent que le logiciel ne soit
modifié pour des utilisations criminelles,
par l'addition de fonction jouant le rôle
de cheval de Troie ou de techniques interdites
dans certains pays ou régions, comme la
cryptographie. Mais de telles actions tombent
sous le coup des lois. On pense souvent à
tort que les licences de logiciels devraient tout
spécifier, y compris des détails
comme « n'utilisez pas ce logiciel pour
commettre un crime. ». Mais aucune licence
n'a d'existence en dehors d'un corpus de lois
civiles et pénales. Considérer
qu'une licence peut s'affranchir des lois en
vigueur est aussi idiot que considérer
qu'un document rédigé en
français puisse s'affranchir du
dictionnaire, auquel cas aucun des mots
utilisés n'aurait la moindre signification
arrêtée.
-
Intégrité du code source de l'auteur
-
La licence ne peut restreindre la redistribution du
code source sous forme modifiée que si elle
autorise la distribution de fichiers patch aux côtés du
code source dans le but de modifier le programme
lors de sa construction.
Certains auteurs craignaient que d'autres ne
distribuent le code source enrichi de
modifications qui pourraient être
perçues comme relevant du travail de
l'auteur original, en donnant une mauvaise image
de lui. Cette clause leur donne la
possibilité d'imposer que les
modifications soient bien distinctes de leur
propre travail, sans pour autant interdire toute
modification. Certaines personnes trouvent
inesthétique le fait que les modifications
encourent le risque de devoir être
distribuées sous la forme d'un fichier de
modifications (patch) distinct du code
source, alors même que des distributions de
Linux comme Debian ou Red Hat font usage d'une
telle procédure pour mettre en place les
modifications qu'elles apportent aux programmes
qu'elles distribuent. Il existe des programmes
qui fondent directement les modifications au sein
du code source principal, et on peut faire en
sorte qu'ils soient exécutés
automatiquement lors de l'extraction d'un
paquetage de code source. C'est pourquoi une
telle clause ne devrait pas créer de
grandes privations.
Vous remarquerez aussi que cette clause stipule
que dans le cas des fichiers de modifications, la
modification n'a lieu qu'au moment de la
construction. La licence publique de Qt exploite
cette lacune pour imposer une licence
différente, quoique plus permissive, en
matière de fichiers de modifications, en
contradiction avec la section 3 de la
définition de l'open source. Il existe le
projet de corriger cette lacune dans la
définition sans pour autant faire perdre
à la licence Qt son état de licence
open source.
La licence doit explicitement permettre la
distribution de logiciel construit à partir
du code source modifié. Elle peut exiger que
les travaux dérivés portent un nom
différent ou un numéro de version
distinct de ceux du logiciel original.
Cela signifie que la société
Netscape, par exemple, peut insister sur le fait
qu'elle seule a le droit de donner à une
version du programme le nom de Netscape Navigator
(tm), alors que les versions libres du programme
doivent porter un nom comme Mozilla ou autre
chose encore.
-
Pas de discrimination portant sur l'identité
de l'utilisateur
-
La licence ne doit opérer aucune
discrimination à l'encontre de personnes ou
de groupes de personnes.
Une licence proposée par les
Régents de l'université de
Californie, à Berkeley, interdisait qu'un
programme de conception de circuits
électroniques soit employé par les
forces de police de l'Afrique du Sud. Ce
sentiment avait beau être
généreux du temps de l'apartheid,
cette clause n'a plus grand sens de nos jours.
Certaines personnes sont toujours coincées
avec le logiciel qu'elles ont acquis sous cette
condition, dont les versions
dérivées doivent elles aussi porter
la même restriction. Les licences open
source ne doivent rien renfermer de tel, quelle
que soit la générosité qui
dicte de telles intentions.
-
Pas de discrimination portant sur le domaine
d'application
-
La licence ne doit pas limiter le champ
d'application du programme. Par exemple, elle ne
doit pas interdire son utilisation dans le monde
des affaires ou dans le cadre de la recherche
génétique.
Votre logiciel doit pouvoir être
utilisé aussi bien par une clinique qui
pratique des avortements que par une organisation
militant contre le droit à l'avortement.
Ces querelles politiques relèvent de
l'Assemblée Nationale, et non pas des
licences de logiciels. Cette exigence choque
beaucoup certaines personnes !
-
Distribution de la licence
-
Les droits attachés au programme doivent
s'appliquer à tous ceux à qui le
programme est transmis sans que ces parties doivent
remplir les conditions d'une licence
supplémentaire.
La licence doit s'appliquer automatiquement, sans
exiger une quelconque signature. Malheureusement,
on ne dispose d'aucun précédent
juridique solide en matière de
validité d'une licence applicable sans
signature, quand elle passe d'une seconde
à une tierce personne. Cependant, cet
argument considère que la licence fait
partie du droit du contrat, alors que certains
argumentent qu'elle relève du droit du
copyright, où on trouve des cas de
jurisprudence en matière de licences ne
requérant pas de signature. Il y a fort
à parier que ce débat aura lieu en
cour de justice d'ici quelques années, si
l'on en juge par l'emploi sans cesse croissant de
ce type de licences et par l'essor fulgurant du
mouvement de l'open source.
-
Pas de spécificité
-
Les droits attachés au programme ne doivent
pas dépendre de l'intégration du
programme à un ensemble logiciel
spécifique. Si le programme est extrait de
cette distribution et utilisé ou
distribué selon les conditions de la licence
du programme, toutes les parties auxquelles le
programme est redistribué doivent
bénéficier des droits accordés
lorsque le programme est au sein de la distribution
originale de logiciels.
Cela par exemple signifie que vous ne pouvez pas
contraindre un produit identifié en tant
qu'open source à être utilisé
en tant que composant d'une distribution
particulière de Linux. Il doit rester
libre, même séparé de
l'ensemble de logiciels avec lequelle il a
été fourni.
-
Pas de contamination d'autres logiciels
-
La licence ne doit pas restreindre d'autres
logiciels distribués avec le programme
qu'elle protège. Par exemple, elle ne doit
pas exiger que tous les programmes
distribués grâce au même medium
soient des logiciels « open source ».
Une version de GhostScript (programme de rendu de
PostScript) exige que le support sur lequel est
distribué ce programme ne contienne que
des logiciels libres. Les licences open source ne
permettent pas cela. Heureusement, l'auteur du
programme GhostScript distribue une autre version
(un peu plus ancienne) de ce programme, sous une
licence vraiment open source.
Remarquez la différence entre dérivation et agglomération. La
dérivation est le fait qu'un programme
renferme en son sein une portion d'un autre
programme. L'agglomération est le fait de
proposer deux programmes sur le même
CD-ROM. Cette section de la définition de
l'open source traite de l'agglomération,
pas de la
dérivation. La section 4 traite de cette
dernière.
-
Exemples de licences
-
Les licences suivantes sont des exemples de
licences que nous jugons conformes à la
définition de l'« open
source » : GNU GPL, BSD, X Consortium, et
Artistic. C'est aussi le cas de la MPL.
Nous aurions beaucoup de problèmes si
l'une de ces licences devait être
modifiée de sorte qu'elle ne relève
plus de l'open source — il nous faudrait
publier immédiatement une version
révisée de la définition de
l'open source. Ce paragraphe relève plus
d'un texte d'explication que de la
définition par elle-même.
Pour comprendre la définition de l'open source, il
faut examiner de quelle manière certaines licences
communes en remplissent ou non les critères.
Domaine public
Une idée reçue incorrecte veut que la
plupart des logiciels libres relèvent du domaine
public [6]. La raison en est tout simplement
que l'idée du logiciel libre ou de l'open source
est difficile à appréhender pour de
nombreuses personnes qui considèrent donc que
ces programmes sont du domaine public car c'est
là le concept le plus proche qu'ils arrivent
à comprendre. Ces programmes disposent
clairement, cependant, d'un copyright, et sont
protégés par une licence. Il se trouve
simplement que cette licence accorde plus de droits aux
utilisateurs qu'ils n'en ont l'habitude.
Un programme du domaine public est un programme sur
lequel son auteur a délibérément
choisi de ne pas faire valoir ses droits. On ne peut
pas vraiment dire qu'il est assorti d'une licence ;
quiconque peut l'utiliser comme bon lui semble, car
quiconque peut le traiter comme s'il lui appartenait.
On peut même assujettir un programme du domaine
public à une nouvelle licence, en ôtant
cette version modifiée du domaine public, ou en
ôter le nom de l'auteur et traiter le programme
comme son propre travail.
Si vous travaillez beaucoup sur un programme du domaine
public, envisagez le fait d'y apposer votre propre
copyright et de lui appliquer une nouvelle licence. Si
vous ne souhaitez pas, par exemple, qu'un tiers le
modifie d'une manière qu'il gardera
secrète ensuite, appliquez à votre
version du programme la GPL, ou une licence similaire.
La version de laquelle vous êtes parti se
trouvera encore dans le domaine public, mais votre
propre version sera placée sous une licence que
les autres devront prendre en compte s'ils veulent
l'utiliser ou en proposer des travaux
dérivés.
Vous pouvez facilement capter (rendre privé) un
programme du domaine public en déclarant un
copyright et en lui appliquant votre propre licence, ou
simplement en déclarant « tous droits
réservés. »
Si vous disposez d'un collection de logiciels libres
telle qu'un disque renfermant une distribution de
GNU/Linux, vous pensez peut-être posséder
les programmes qui se trouvent sur ce disque. Ce n'est
pas exactement vrai. Les programmes sous copyright
appartiennent au détenteur du copyright,
même lorsqu'ils sont protégés par une
licence open source telle que la GPL. La licence du
programme vous octroie certains droits, et d'autres
droits vous sont acquis selon la définition
d'« utilisation raisonnable » dans le droit
du copyright. Il est important de remarquer qu'un auteur
n'est pas limité à proposer un programme
sous une seule licence. On peut protéger un
programme par la GPL et en vendre en même temps une
version sous une licence commerciale et non open source.
C'est exactement cette tactique qu'emploient de
nombreuses personnes, qui veulent qu'un programme soit
open source tout en souhaitant gagner de l'argent
à partir de ce dernier. Ceux qui ne souhaitent pas
d'une licence open source encourent le risque de devoir
rémunérer un tel privilège, assurant
par là même un revenu à l'auteur.
Toutes les licences que nous allons maintenant examiner
ont un point en commun : aucune ne fournit la moindre
garantie. L'intention est de protéger le
propriétaire du logiciel de toute poursuite en
justice relative à son programme. Les programmes
étant souvent offerts sans contrepartie
financière, c'est là une exigence
raisonnable — le programme ne garantit pas un
revenu suffisant pour que son auteur puisse acquitter une
assurance et les frais engagés en cas de poursuite
en justice. Si les auteurs de logiciels libres perdent ce
droit de ne fournir aucune garantie et sont poursuivis en
justice suite aux effets des programmes qu'ils ont
écrits, ils cesseront d'écrire des
logiciels libres. C'est dans notre avantage
d'utilisateurs que d'aider les auteurs à
protéger ce droit.
La licence publique générale de GNU
La GPL est autant un manifeste politique
qu'une licence de logiciel, et une grande partie de ce
texte est dévolue à justifier les motifs
qui ont poussé son auteur à la
rédiger. Ce dialogue politique a déplu
à certains, et c'est en partie à cause de
cela que d'autres licences de logiciels libres ont
été rédigées. Cependant, la
GPL a été rédigée avec le
concours de professeurs de droit, elle est donc bien
mieux écrite que la plupart des autres licences
de son genre. Je vous encourage vivement à
employer la GPL, ou sa variante pour
bibliothèques la LGPL, si vous le pouvez. Si
vous choisissez une autre licence, ou écrivez la
vôtre propre, vérifiez que les raisons qui
vous poussent à cela sont valables. Il faut bien
expliquer à ceux qui écrivent leurs
propres licences que ce n'est pas là une
décision à prendre à la
légère. Les complications inattendues
qu'une licence mal écrite peut entraîner
peuvent créer, pendant plusieurs
décennies, un fardeau pour les utilisateurs du
logiciel.
Le texte de la GPL n'est pas lui-même
placé sous la GPL. Cette licence est simple :
quiconque a le droit de copier et de distribuer des
copies exactes du document de cette licence, mais pas
de le modifier. Il faut remarquer que le texte des
licences open source n'est pas en général
pas open source car, à l'évidence, une
licence que tout un chacun pourrait modifier
n'offrirait qu'une protection limitée.
Les dispositions de la GPL satisfont la
définition de l'open source. La GPL n'exige
aucune des clauses autorisées par le
paragraphe 4 de la définition de l'open source,
« Intégrité du code source de
l'auteur ».
La GPL ne vous autorise pas à rendre des
modifications secrètes. Vos modifications
doivent elles aussi être distribuées selon
les termes de la GPL. Ainsi, l'auteur d'un programme
sous GPL recevra probablement des améliorations
proposées par d'autres, y compris des
sociétés commerciales qui modifient son
logiciel pour leurs besoins propres.
La GPL n'autorise l'incorporation d'un programme GPL au
sein d'un programme propriétaire. La
définition de « programme
propriétaire » utilisée par cette
licence est : « tout programme dont la licence
vous donne moins de droits que ne vous en donne la
GPL. »
La GPL contient quelques échappatoires qui lui
permettent d'être utilisée dans des
programmes qui ne sont pas entièrement open
source. On peut lier les bibliothèques de
logiciels qui sont distribuées avec le
compilateur ou le système d'exploitation avec
des logiciels protégés par la GPL ; il en
résulte un programme partiellement libre. Le
détenteur du copyright (qui est en
général l'auteur du programme) est la
personne qui place la GPL sur son programme et qui
dispose du droit de violer sa propre licence. C'est ce
que faisaient les auteurs de KDE pour distribuer leurs
programmes avec Qt avant que la société
Troll Tech ne place la bibliothèque Qt sous une
licence open source. Cependant, ce droit ne
s'étend pas aux tiers qui redistribuent le
programme — ils doivent suivre tous les termes de
la licence, même ceux que le détenteur du
copyright viole, c'est pourquoi il est
problématique de redistribuer un programme GPL
s'il contient Qt. Les développeurs de KDE
semblent avoir résolu ce problème en
appliquant la LGPL, et non la GPL, à leurs
logiciels.
La rhétorique politique de la GPL
déplaît à certaines personnes, dont
une partie ont choisi pour leurs logiciels une licence
moins appropriée pour la seule raison qu'ils
fuient les idées de Richard Stallman et ne
souhaitent pas les voir répétées
dans leurs propres paquetages de logiciels.
La licence publique générale de GNU pour les bibliothèques
La LGPL est dérivée de la GPL et mise au
point pour les bibliothèques de logiciels.
À la différence de ce qui se produit avec
la GPL, on peut incorporer un programme sous LGPL dans
un programme propriétaire. La
bibliothèque du langage C fournie avec les
systèmes GNU/Linux est un exemple de logiciel
sous LGPL — on peut l'utiliser pour construire
des programmes propriétaires, sans quoi Linux ne
serait utile qu'aux auteurs de logiciels libres.
On peut à tout moment convertir une instance
d'un programme LGPL en programme GPL. Mais on ne peut
ensuite plus reconvertir cette instance, ni tout ce qui
en dérive, en programme sous LGPL.
Les autres dispositions de la LGPL sont semblables
à celles de la GPL — en fait, cette
licence inclut la GPL en y faisant
référence.
Les licences X, BSD, et Apache
La licence X et celles qui lui sont proches — les
licences BSD et Apache — sont très
différentes de la GPL et de la LGPL. Elles vous
autorisent à tout faire avec les logiciels
qu'elles protègent. Cela, parce que les
logiciels que les licences X et BSD couvraient à
l'origine était financés par des bourses
du gouvernement des États-Unis
d'Amérique. Puisque les citoyens des
États-Unis d'Amérique avaient
déjà payé pour ces logiciels une
fois, avec leurs impôts, ils ont reçu la
permission d'utiliser ces logiciels comme bon leur
semblait.
La permission la plus importante, qu'on ne trouve pas
dans la GPL, est qu'on peut rendre secrètes des
modifications apportées à un programme
sous licence X. En d'autres termes, vous pouvez
récupérer le code source d'un programme
protégé par la licence X, le modifier, et
vendre ensuite des versions binaires de ce programme
sans en distribuer le code source correspondant, et
sans appliquer la licence X à ces modifications.
Cela n'en reste pas moins de l'open source, car la
définition de l'open source n'exige pas que les
modifications soient sous la licence originale.
Nombreux furent les autres développeurs qui ont
adopté la licence X et ses variantes, parmi
lesquels on remarquera on particulier la BSD
(distribution du système de Berkeley) et le
projet de serveur web Apache. Une
spécificité ennuyeuse de la licence BSD
est qu'une de ses dispositions exige qu'on mentionne
(généralement dans une note de bas de
page) que le logiciel a été
développé à l'université de
Californie à chaque fois qu'on fait la
publicité d'un aspect d'un programme couvert par
la licence BSD. Garder la trace des logiciels sous
licence BSD dans un ensemble aussi vaste qu'une
distribution GNU/Linux, et penser à mentionner
l'université de Californie à chaque fois
qu'on mentionne l'un de ces programmes dans une
publicité, sont des tâches trop lourdes
pour ceux qui sont dans les affaires. Au moment
où j'écris ces lignes, la distribution
Debian GNU/Linux compte plus de 2 500 paquetages
logiciels, et même si seule une fraction d'entre
eux était sous la licence BSD, toute
publicité pour un système GNU/Linux comme
la distribution Debian impliquerait des pages et des
pages de notes ! Cependant, la licence du Consortium X
ne comporte pas cette clause relative à la
publicité. Si vous envisagez d'utiliser une
licence de la famille BSD, choisissez plutôt la
licence X.
La licence Artistique
Même si cette licence, à l'origine, a
été développée pour Perl,
elle a depuis été employée pour
d'autres logiciels. Je pense que c'est une licence
rédigée sans soin, en ce sens qu'elle
pose des exigences et qu'elle donne ensuite des
échappatoires pour les contourner. C'est
peut-être la raison pour laquelle presque tous
les logiciels couverts par la licence Artistic le sont
désormais par deux licences, offrant le choix
entre l'Artistic et la GPL.
La section 5 de la licence Artistic interdit la vente
du logiciel, mais autorise la vente d'une distribution
contenant plusieurs logiciels. Ainsi, il suffit
d'empaqueter un programme couvert par la licence
Artistic dans un ensemble contenant également un
« Hello world! » de cinq lignes
écrit en C pour avoir le droit de vendre ce
paquet. C'est cette spécificité de la
licence Artistic qui était la seule cause de
l'échappatoire « composant d'une
distribution d'un ensemble... » du premier
paragraphe de la définition de l'open source.
L'utilisation de la licence Artistic déclinant,
nous pensons ôter cette précision. Cela
ferait de la licence Artistic une licence non open
source. Ce n'est pas là une décision
à prendre à la légère, et
nous y penserons et en débattrons probablement
pendant plus d'un an avant de la prendre.
La licence Artistic vous oblige à libérer
les modifications que vous pouvez être
amené à faire, tout en vous laissant une
échappatoire (dans la section 7) qui vous
autorise à garder secrètes des
modifications, ou même à placer des
portions d'un programme sous licence Artistic dans le
domaine public !
La licence publique de Netscape et la licence publique de Mozilla
La NPL a été développée par
la société Netscape quand elle a rendu
son produit, Netscape Navigator, open source. En
réalité, la version open source s'appelle
Mozilla ; les gens de Netscape réservent la
marque Navigator à leur propre produit.
Eric Raymond et moi intervînmes en tant que
conseillers non rémunérés tout au
long du développement de cette licence. J'ai
tenté, sans succès, de persuader la
société Netscape d'utiliser la GPL, et
suite à leur refus, je les ai aidés
à composer une licence qui remplirait les
conditions de la définition de l'open source.
La NPL a ceci de particulier qu'elle renferme des
privilèges particuliers, dont seul jouit la
société Netscape. Elle lui accorde le
droit de placer des modifications apportées
à leur logiciel par un tiers sous une autre
licence. Les gens de Netscape peuvent rendre ces
modifications secrètes, les améliorer, et
refuser de communiquer le résultat. Cette clause
était nécessaire car quand la
société Netscape a décidé
de placer son produit principal sous une licence open
source, elle était sous contrat avec d'autres
sociétés qui ont exigé d'obtenir
le logiciel Navigator sous une licence non open source.
La société Netscape a créé
la MPL, ou licence publique de Mozilla, pour
régler ce problème. La MPL ressemble
beaucoup à la NPL, mais ne contient pas la
clause qui autorise Netscape à placer des
modifications extérieures sous une autre
licence.
La NPL et la MPL vous autorisent à rendre
certaines modifications secrètes.
De nombreuses sociétés ont adopté
une variante de la MPL pour leurs propres programmes.
C'est regrettable, car la NPL a été
créée en fonction de la situation
commerciale particulière dans laquelle la
société Netscape se trouvait alors, et
elle n'est pas forcément appropriée
à d'autres usages. Il vaut mieux qu'elle demeure
la licence de Netscape et de Mozilla, et que les autres
utilisent la GPL ou la licence X.
N'écrivez pas une nouvelle licence si vous pouvez
employer l'une de celles qui sont listées ici. La
propagation de licences nombreuses et incompatibles cause
du tort au logiciel open source car on ne peut pas
utiliser des fragments d'un programme au sein d'un autre
programme si les deux licences qui les protègent
sont incompatibles.
Abstenez-vous d'utiliser la licence Artistic à
moins que vous ne prévoyiez de l'étudier
attentivement et d'en ôter les
échappatoires. Puis, prenez quelques
décisions :
-
Souhaitez-vous ou non que l'on puisse rendre des
modifications secrètes ? Si vous souhaitez
pouvoir obtenir, de la part de ceux qui les ont
apportées, le code source des modifications,
utilisez une licence qui l'exige. La GPL et la LGPL
sont de bons candidats. Si cela ne vous ennuie pas
qu'on puisse modifier votre programme sans vous en
rendre compte, utilisez les licences X ou Apache.
-
Souhaitez-vous que quelqu'un puisse fusionner votre
programme avec son propre logiciel,
propriétaire ? Si c'est le cas, utilisez la
LGPL, qui autorise explicitement cela sans permettre
à autrui d'apporter des modifications à
votre propre code sans les publier, ou utilisez les
licences Apache ou X, qui autorisent le fait de
rendre des modifications secrètes.
-
Souhaitez-vous qu'on puisse vendre des versions de
votre programme sous licence commerciale, non open
source ? Si c'est le cas, distribuez votre programme
sous les termes de deux licences. Je recommande la
GPL en tant que licence open source ; vous pourrez
trouver une licence commerciale appropriée
dans des livres tels que Copyright Your Software
(protégez vos logiciels grâce au
copyright), édité par Nolo Press.
-
Souhaitez-vous que tous ceux qui utilisent votre
programme acquittent une somme pour
bénéficier de ce privilège ? Si
c'est le cas, alors peut-être que l'open source
n'est pas pour vous. Si souhaitez que certains
utilisateurs vous donnent de l'argent, c'est toujours
possible en publiant votre programme sous une licence
open source. La plupart des auteurs de logiciels open
source considèrent que leurs programmes sont
des contributions au bien public, et se fichent de
recevoir ou non de l'argent pour ces derniers.
Tableau 11-1. Comparaison des pratiques des différentes licences
Licence
|
Le programme peut être mélangé
avec du logiciel non libre
|
Les modifications peuvent être rendues
secrètes et non communiquées à
l'auteur
|
Tout un chacun peut placer le programme sous une
nouvelle licence
|
La licence renferme des privilèges
particuliers pour le détenteur du copyright,
qui peuvent s'appliquer à vos modifications
|
GPL
|
N
|
N
|
N
|
N
|
LGPL
|
O
|
N
|
N
|
N
|
BSD
|
O
|
O
|
N
|
N
|
NPL
|
O
|
O
|
N
|
O
|
MPL
|
O
|
O
|
N
|
N
|
Domaine public
|
O
|
O
|
O
|
N
|
Au moment où cet essai était sur le point
de partir sous presse, la société IBM a
rejoint le monde de l'open source, et la
communauté du capital-risque découvre elle
aussi l'open source. Les sociétés Intel et
Netscape ont investi dans la société Red
Hat, qui distribue Linux. La société VA
Research, qui intègre des serveurs Linux sur des
stations de travail, a annoncé qu'elle disposait
d'un investisseur extérieur. La
société Sendmail Inc., créée
pour commercialiser sendmail, programme de distribution
du courrier électronique qu'on trouve partout, a
annoncé qu'elle disposait de six millions de
dollars américains de fonds. Le programme de
courrier électronique, Postfix, de la société
IBM, est proposé selon les termes d'une licence
open source, et un autre programme de la
société IBM, le compilateur Jikes pour le
langage Java, est proposé selon les termes d'une
licence qui tente, à l'heure où
j'écris ces lignes, de remplir les clauses de la
définition de l'open source, sans y parvenir tout
à fait. La société IBM semble
vouloir modifier la licence de Jikes pour que ce
programme soit vraiment open source, et rassemble les
commentaires de la communauté en ce moment
même.
Deux rapports internes à la société
Microsoft, plus connus sous le nom de documents de
Halloween, ont été portés à
la connaissance de tous. Ces rapports documentent
clairement le fait que la société Microsoft
se sent menacée par le mouvement de l'open source
et par Linux, et que la société Microsoft
les attaquera tous deux pour protéger ses
marchés. Il est évident que nous vivons une
époque intéressante. Je pense que vous
verrons la société Microsoft utiliser ses
deux stratégies principales : placer les
interfaces sous copyright, et protéger ses
programmes à l'aide de brevets. Elle
étendra les protocoles réseau, en y
incluant des spécificités propres à
Microsoft, qui ne seront pas disponibles pour le logiciel
libre. Elle explorera, et d'autres sociétés
avec elle, de nouveaux axes de recherche en informatique
et pourra tout breveter avant que la communauté du
logiciel libre ne puisse employer ces nouvelles
techniques, et elle nous en maintiendra à distance
respectueuse en exigeant le versement de sommes
conséquentes pour avoir le droit d'utiliser ces
brevets. J'ai écrit un essai pour le magazine sur
le web Linux World expliquant comment combattre les
ennemis de l'open source sur le front des brevets.
La bonne nouvelle, c'est que la société
Microsoft a peur ! Dans le deuxième document
Halloween, un employé de cette
société s'extasie sur le sentiment qu'il a
éprouvé en constatant qu'il pouvait
facilement modifier des portions du système Linux
pour lui faire remplir ses besoins, et que cela
était bien plus facile dans le cas de Linux que ce
ne l'était pour un employé de Microsoft de
modifier MS-Windows NT !
Les coups de bélier provenant de
l'intérieur sont les plus dangereux. Je pense que
vous verrons également de plus en plus de
tentatives de diluer la définition de l'open
source pour lui faire inclure des produits partiellement
libres, comme on l'a vu dans le cas de la
bibliothèque Qt de KDE avant que la
société Troll Tech n'ait été
éclairée et n'ait fourni une licence open
source. La société Microsoft, comme
d'autres, pourraient nous causer du tort en produisant
énormément de logiciels, suffisamment
libres pour attirer les utilisateurs, sans pour autant
proposer toutes les libertés de l'open source. On
peut concevoir qu'ils pourraient tuer le
développement de certaines catégories de
logiciels open source en fournissant des solutions
« assez bonnes » et « presque assez
libres ». Cependant, la forte réaction
à l'encontre du projet KDE, avant que la
bibliothèque Qt ne soit pleinement open source,
laisse présager que de telles tentatives de la
part de la société Microsoft et de ses
semblables échoueront.
Jusqu'à présent, nous avons
échappé aux chevaux de Troie. Mais
supposons que quelqu'un qui ne nous aime pas propose un
logiciel renfermant un cheval de Troie, une
manière cachée de casser la
sécurité d'un système GNU/Linux.
Supposons ensuite que cette personne patiente jusqu'au
moment où son logiciel sera bien répandu
avant de rendre publique la faille et sa
vulnérabilité. Le grand public aura alors
vu que notre système, l'open source, peut nous
laisser plus démunis face à ce type
d'attaque que ne le sont les systèmes
fermés de la société Microsoft, ce
qui risque de porter un coup à sa confiance dans
les logiciels open source. On pourra rétorquer que
la société Microsoft a son compte de
problèmes de sécurité, et qu'elle
n'a pas besoin pour les insérer de gens
extérieurs mal intentionnés, et que le
modèle de l'open source, exposant le code source
des programmes à la vue de tous, facilite la
découverte de tels bogues. Tout bogue de ce type
se produisant sur Linux sera corrigé le lendemain
de sa publication, alors qu'un tel problème sous
MS-Windows peut demeurer indécelé ou non
corrigé pendant des années. Ils nous faut
cependant améliorer notre défense face aux
chevaux de Troie. Bien identifier ceux qui proposent des
logiciels et des modifications représente notre
meilleure défense, et cela nous permet de
poursuivre en justice ceux qui diffusent des chevaux de
Troie. Quand je dirigeais la distribution Debian
GNU/Linux, nous avions mis en place un système
pour identifier de manière sûre tous ceux
qui maintenaient des logiciels et pour qu'ils prennent
part dans un réseau de cryptographie à
clé publique qui nous permettrait de
vérifier de qui provenait chaque logiciel. Ce type
de système a pris de l'ampleur pour finalement
inclure tous les développeurs de logiciels open
source.
Il nous faut encore faire des améliorations
gigantesques avant que Linux puisse être
employé par l'utilisateur moyen. Nous manquons
clairement d'interfaces graphiques, et ce sont les
projets KDE et GNOME qui traitent ce déficit.
Notre prochain but sera alors de faciliter
l'administration du système : le logiciel
linuxconf a beau
régler partiellement cela, il est loin de proposer
à l'utilisateur débutant un outil exhaustif
d'administration système. Si le système
COAS de la société Caldera tient ses
promesses, il pourrait servir de base à une
solution complète d'administration.
Malheureusement, la société Caldera n'a pas
pu allouer des ressources suffisantes pour que le
développement du projet COAS soit mené
à terme, et d'autres participants ont
abandonné le projet, démotivés par
une progression trop lente, voire inexistante.
La pléthore de distributeurs de GNU/Linux semble
subir un écrémage, dont la
société Red Hat sortira comme vainqueur
annoncé, talonnée par la
société Caldera. La société
Red Hat a montré jusqu'à présent un
solide attachement au concept de l'open source, mais
l'avènement d'un nouveau président et les
rumeurs d'une offre publique d'achat (OPA) pourraient
être le signe d'un affaiblissement de cet
attachement, surtout si des concurrents comme la
société Caldera, qui ont manifesté
bien moins de marques d'intérêt dans l'open
source, entament les marchés de Red Hat. Si
l'attachement des distributions commerciales de GNU/Linux
au modèle de l'open source devait par trop
s'affaiblir, on verrait vraisemblablement se mettre en
place des efforts pour les remplacer par des
distributions entièrement open source, telles que
Debian GNU/Linux, plus ciblées vers les
marchés commerciaux que cela n'a été
le cas de la distribution Debian.
Malgré tous ces défis, je prédis que
l'open source remportera la victoire. Le système
GNU/Linux est devenu le système de tests des
étudiants en informatique, et ces derniers
introduiront ces systèmes libres dans leur
entreprise, quand ils auront obtenu leur diplôme.
Les laboratoires de recherche ont adopté le
modèle de l'open source car le partage de
l'information est essentiel dans la méthode
scientifique, et l'open source permet de partager
facilement le logiciel. Les entreprises adoptent elles
aussi le modèle de l'open source car il permet
à des groupes de sociétés de
collaborer pour résoudre un problème sans
craindre une poursuite en justice pour situation de
monopole et à cause du gain apporté
à leurs logiciels par les contributions libres des
programmeurs du grand public. Certaines grandes
sociétés ont adopté l'open source en
tant que stratégie pour combattre la
société Microsoft et s'assurer qu'aucun
autre Microsoft ne dominera jamais plus l'industrie de
l'informatique. Mais c'est dans le passé qu'il
faut chercher l'indication la plus fiable de l'avenir de
l'open source : en à peine quelques années,
on est passé de presque rien à un solide
fonds de logiciels qui résolvent de nombreux
problèmes différents, et on est en passe
d'atteindre le million d'utilisateurs. Nous n'avons
aucune raison de réduire la voilure maintenant.
Notes
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